Il est 3:30 du matin, le bus est à l’arrêt. Nous devions arriver à Phnom Penh vers 6:00 mais il semblerait que nous y soyons déjà. Nous ne sommes que peu surprises, cela ne fait que confirmer cette sensation de vitesse excessive du chauffeur sur l’un des uniques grands axes routiers permettant de traverser le pays. Bref, il est bien trop tôt pour débuter les visites, un tuk-tuk nous dépose à l'hotel Number 9, nous prenons une chambre et filons terminer notre nuit.
Nous avions préalablement choisi cet hôtel pour son faible coût et son confort (air climatisé, petit déjeuner inclus, piscine) pensant que nous serions contentes de ne pas trop subir la chaleur des grandes villes et c’était bien anticipé !
Dans la matinée nous partons pour l’une des visites les plus attendues de ce voyage : le musée du génocide (1975-1979). Moi qui ne suis pas forcément friande de musées, j’avais vraiment hâte d’y être et d’en apprendre plus sur l’histoire de la population cambodgienne. Une histoire tragique, si proche de notre époque et pourtant décrite avec une telle simplicité. En arrivant sur place nous trouvons des audioguides et suivons leurs paroles en passant de pièces en pièces, de bâtiments en bâtiments. Cette prison, la S21, est en fait un ancien lycée. Il est difficile de croire qu’avant d’être entouré de barbelés cet endroit donnait accès à la culture.
L’homme qui parle dans l’audioguide, un cambodgien, nous offre un récit extrêmement détaillé tant sur l’organisation du système de l’époque que sur les tortures affligées aux adultes comme aux enfants. C’est une histoire difficile à raconter mais tout aussi difficile à entendre. Son discours n’est pourtant pas larmoyant mais le soleil qui tape sur la cour et le bruit du vent dans les palmiers ne nous empêche pas de nous sentir oppressées par tant d’horreur. Malheureusement (ou heureusement ?) je ne me sens pas capable de raconter ce que j’y ai découvert. Il va donc falloir vous rendre sur place si vous souhaitez en savoir plus sur le génocide du régime des Khmers rouges, qui au-delà de son horreur, servira – je l’espère – d’exemple à ne jamais reproduire. A la sortie du musée, nous avons eu l'honneur de rencontrer l'un des rares survivants de ce génocide.
Abasourdies de cette « visite » nous traversons les bidonvilles extrêmement pollués de la capitale pour nous rendre aux Killing Fields (comprendre ici, de grandes étendues où les victimes de la S21 étaient déportées pour être tuées).
Encore une fois l’audioguide est extrêmement pertinent et les informations données complètent parfaitement ce que nous avons appris au cours de la matinée. Cela dit, si vous ne devez en choisir qu’un, nous sommes toutes trois d’accord pour vous conseiller le musée du génocide. Situé plus au cœur de la ville c’est celui qui vous donnera les bases de l’histoire du génocide des Khmers rouges. Contrairement à la prison où je n’aurai même pas eu idée de sortir mon téléphone pour prendre des photos tant l’horreur était présente, le climat était ici plus léger. Pourtant nous marchions sur des morceaux d’os et des vêtements qui remontaient par la terre (eh oui, 1979 ce n’est pas si loin…). Je trouvais cependant que le côté « musée à ciel ouvert » déchargeait en partie le lieu de toute cette atrocité, l’oppression était bien moins présente (à mon goût) que dans l’ancienne prison.
Après cette journée aussi enrichissante qu’éprouvante, nous avons décidé de nous détendre sur le toit de l’hôtel en profitant la piscine. Le soleil se couchait derrière les immeubles et je ne pouvais m’empêcher de sourire chaque fois que mon regard tombait sur les câbles électriques qui décoraient les rues de Phnom Penh.
Plus tard dans la soirée nous nous sommes rendues à l’Eclipse Sky Bar - une aubaine pour moi qui adore les points de vues - et avons pris un cocktail sur le toit en compagnie de quelques amateurs de Karaoke. Je me suis ensuite laissée tenter par des rouleaux de printemps frits, ce qui ressemble en fait de très près à des nems, et Justine (qui mange Khmer tous les jours depuis octobre, rappelons-le) a mangé un bon plat de ... pâtes à la carbonara!
Le lendemain nous avons visité le Palais Royal (ou plutôt les palais royaux puisqu’ils sont une vingtaine).
De la pagode d’argent, tant recherchée par les touristes pour ses trésors nationaux tel que le Bouddha en or et pierres précieuses, au le Palais Khémarin qui est utilisé comme résidence par le roi, les édifices étaient tous plus somptueux les uns que les autres.
La salle du trône, immense, sert encore aujourd’hui pour de grands événements comme des cérémonies royales et/ou religieuses.
L’architecture et les couleurs des différents bâtiments étaient splendides, le soleil et le ciel bleu les mettaient en valeur mais je pense qu’un ciel orageux aurait su rendre l’endroit tout aussi magnifique. C’était comme si les dorures prenaient les couleurs de ce qui les entouraient.
Mention spéciale à l'échaffaudage de bambous, on peut difficilement faire plus typique.
Une très belle journée en somme, qui s'est achevée par un trajet de bus jusque Kep, à la frontière vietnamienne.