Puerto Madryn
Nous voilà arrivés à Puerto Madryn, sur la côte atlantique argentine. C’est dans cette cité balnéaire située 1 300 kilomètres au sud de Buenos Aires que prend fin notre première expérience d’auto-stop. On retrouve avec joie l’océan que nous avions quitté en Bretagne et on découvre par la même occasion ce fameux « vent » dont tout le monde parle. Une sorte de bourrasque perpétuelle qui questionne sans cesse sur la sensation de chaud et de froid. Le soleil chauffe notre peau mais le vent nous hérisse les poils en même temps. Impossible de savoir s’il faut enlever ou rajouter des vêtements. Alors que les locaux se baignent à quelques mètres de là, on se voit contraint à visiter la ville en coupe-vent, en se demandant si on finira par s’habituer à cette étrange sensation…
Les voyageurs ne sont généralement pas très élogieux au sujet de Puerto Madryn. Il est vrai que la ville sert avant tout de pied à terre pour visiter la Péninsule Valdés, une réserve naturelle qui se trouve à quelques kilomètres de là. Mais arpenter ses rues sans but précis nous permet tout de même de lui trouver un certain charme lorsqu’on s’attarde sur ses détails. Elle rappelle un peu les stations balnéaires de la côte atlantique française. Cette possibilité de passer du centre-ville à la plage en traversant une simple rue me remémore les vacances de mon enfance et je crois que c’est ce qui me plaît ici. On décide d’y déplier la tente pour quelques jours, le temps d’organiser à notre tour la visite de la célèbre péninsule.
Camping ACA : 700 ARS/2 personnes
Camping SEC : 400 ARS/2 personnes
Le camping ACA est beaucoup plus propre et possède de meilleures infrastructures, mais le SEC fait l'affaire pour une ou deux nuits.
La Péninsule Valdés
Voici la vraie raison de notre présence à Puerto Madryn. La péninsule Valdés est une réserve naturelle d’environ 3 000 kilomètres carrés, déclarée au patrimoine mondial UNESCO depuis 1999. Une fois de plus, cette zone qui paraît si petite sur la carte s’avère bien plus étendue qu’elle n’en a l’air. Sa visite peut se réaliser en tour organisé mais nous faisons le choix de la liberté et décidons de louer une voiture à la journée. C’est ainsi que nous rencontrons Manon et Quentin, deux français qui voyagent également en Amérique du Sud pour quelques mois. Le courant passe bien et nous décidons de partager la location du véhicule tous les quatre.
L’entrée de la péninsule se trouve à une centaine de kilomètres de Puerto Madryn et nous y arrivons à 8 heures pétantes. C’est à cet horaire que les gardes ouvrent leurs locaux. Ces derniers nous donnent une carte de la péninsule en nous conseillant l’itinéraire qui leur semble le plus judicieux en fonction des marées. Ainsi, nous mettons toutes les chances de notre côté pour aller à la rencontre de la plus grande diversité d’espèces marines.
Les routes sont un joyeux mélange de pierres et de sable. Autant vous dire que malgré la chaleur, on évite d’ouvrir les fenêtres quand on voit la poussière créée sur notre passage.
Les premiers guanacos ne se font pas attendre pour traverser notre route. Ils sont des cousins du lama mais ne peuvent être apprivoisés. Sur les bords de chaussées, ce sont des martinetas que nous observons au fil de la journée. Un volatile dodu qui tire tout son charme de la houppette qui se dresse au sommet de sa tête. Nous arrêtons la voiture à Punta Norte, la pointe la plus au nord de la péninsule. Nous apprendrons par la suite que nous avons raté le passage des orques de seulement quelques minutes. Tant pis, c’est le jeu de la nature ! Nous descendons alors jusqu’à la Caleta Valdés et sommes accueillis par les cris gutturaux des éléphants de mer. L’organisation de la péninsule nous permet de les observer depuis un mirador et quand on perçoit leur envergure, on est ravis de ne pas pouvoir s’en approcher davantage. Ils sont mélangés à un troupeau de lions de mer ; des mammifères bien plus touffus, issus de la famille des otaries. Ces derniers sont un poil plus gracieux que leurs amis les éléphants car ils n’ont pas ce gros nez qui pendouille au bout de leur museau. Mais tous les goûts sont dans la nature me direz-vous …
On s’arrête pique-niquer sur la côte après avoir admiré nos premiers pingouins de Magellan en pleine surveillance de leur progéniture. Il s’agit en fait de manchots, mais il semblerait que seule la langue française réalise une distinction entre les deux espèces. On ne peut s’empêcher de les regarder trébucher en rigolant. Il faut dire que marcher en pente sans genoux n’est pas un exercice inné...
Plus tard, c’est un peludo que nous apercevons à quelques mètres. Ce grand tatou velu se promène tout près de la voiture et semble s’être habitué à la présence humaine. On est persuadé que c’est lui qui a inspiré le Pokémon Sablette (un petit effort, je suis certaine que vous allez vous en souvenir) !
Plus au sud, entre Punta Delgada (actuellement inaccessible) et Puerto Pirámides nous longeons deux salines. Lors de saisons moins sèches, on peut y trouver des flamants rose. Au beau milieu de l’été on se contente d’admirer cette étendue éclatante refletant un mélange de blanc et de rose.
Après un dernier détour par Puerto Piramides et son joli mirador, nous faisons route retour afin de rendre la voiture dans les temps et de profiter d’une soirée entre français au camping. Demain, Manon et Quentin monterons à bord du van de deux autres voyageurs en direction d’Ushuaia et nous nous lançons le défi de savoir qui y arrivera en premier. Pour notre part on pense faire un arrêt à Trelew pour visiter Punta Tombo avant de rejoindre la Terre de Feu, toujours en auto-stop.
Location de voiture : 24h, 5100 ARS assurance comprise (Centauro). Compagnie fiable et sans surcoûts à prévoir, en dehors de l'essence bien sûr. L'agence Rent a Car est particulièrement déconseillée mais de nombreuses autres font l'affaire.
Si vous n'avez pas l'habitude de conduire sur ce type de route, prenez bien en compte les conseils de votre agence de location avant de prendre le volant.
Péninsule Valdés : entrée étranger 850 ARS, entrée voiture 120 ARS
Trelew
60 kilomètres au sud de Puerto Madryn se trouve la ville de Trelew. Décidément, les influences galloises de la province de Chubut se ressentent jusque dans le nom de ses villes. Nous arrivons en stop grâce à l’aide de Pablo qui accepte de nous prendre sur son passage. Une fois de plus les routes sont désertes et interminables. Tout est si plat qu’on peine à réaliser que notre vitesse de croisière s’approche des 200 km/h. A ce rythme, nous passons rapidement les portes de la ville et sommes accueillis par une gigantesque statue de dinosaure. On ne le savait pas, mais c’est ici qu’a été découvert le fossile du plus grand dinosaure du monde il n’y a même pas dix ans. Le musée paléontologique de la ville est très célèbre et remporte apparemment un franc succès.
On s’offre quelques nuits de confort dans la maison de Teresita le temps de se remettre d’aplomb. Entre les nuits en tente auxquelles nous ne sommes pas encore habitués et les journées d’auto-stop durant lesquelles nous travaillons notre espagnol sans relâche, on commence à rencontrer une certaine fatigue physique et mentale. Mais les longues nuits de sommeil envisagées sont rapidement remplacées par des invitations de locaux On démarre donc par une soirée chez Pablo, notre conducteur, qui nous explique le principe du "quincho". Il s’agit d’une pièce supplémentaire séparée de la maison qui permet d’accueillir la famille et les amis pour manger des grillades. Quoi de plus normal au pays de la viande ? Il nous offre notre première « milanesa » (il faut dire que l’influence italienne est très présente dans les assiettes) et nous débouche une bouteille de Trumpeter (qui reste notre Malbec favoris à ce jour). Le lendemain c’est Teresita qui nous invite à un repas sur la plage. Nous filons donc en voiture jusqu’à la Playa Union (qui a excellente réputation) et profitons de quelques parts de pizza réalisées par sa voisine accompagnées d’une bière Andes, fabriquée dans la province de Mendoza.
Punta Tombo
Une fois de plus, la grande ville de Trelew nous a servi de point de chute afin de visiter une autre réserve naturelle. Il s’agit de Punta Tombo, une zone côtière qui accueille l’une des plus grande colonie de pingouins de Magellan au monde. Teresita, chez qui nous logeons à Trelew, nous fait aveuglément confiance et décide de nous prêter sa voiture pour nous y rendre. Nous révisons les pneus, vérifions l’assurance, y ajoutons de l’essence et partons à l’assaut des 130 kilomètres qui nous séparent de la pointe.
Acquittés de nos droits d’entrée, nous faisons face à un panneau stipulant que nous devons céder la priorité aux pingouins. Car bien que des passerelles aient été réalisées pour que l’homme n’impacte pas le territoire de nos amis maladroits, il arrive que certains décident de traverser le chemin sans prévenir. Le parcours a beau mesurer 3 kilomètres, nous passons des heures à admirer les « pinguinos » et leurs bébés « pinchones » pas après pas. Les trous qui s’étendent à perte de vue ne sont autre que les nids des pingouins. Le mâle les creuse chaque année vers le mois d’août dans un sol qui s’apparente à un mélange de sable et de terre. Ces cavités de faible profondeur permettent ensuite à la femelle d’y pondre deux œufs qui écloront courant novembre. Nous sommes donc à la période idéale pour voir les parents s’occuper de leurs petits. Ces petites boules duveteuses sont vraiment attendrissantes. Tandis que les petits piaillent, les plus grands ne cessent d’éternuer. Nous en sommes si proche qu’il nous est impossible de passer à côté de leur odeur de poisson. Eh oui, la mignonnerie elle aussi a ses limites ...
Punta Tombo : entrée étrangers 550 ARS/personne
Si vous ne souhaitez pas vour y rendre en tour organisé, le plus rentable semble être la location de voiture depuis Puerto Madryn pour deux journées. En partageant votre véhicule vous pourrez aisément passer une journée dans la péninsule Valdés et une journée à Punta Tombo.
Maintenant qu’on a pris le temps de vivre au fil de nos rencontres, on imagine que notre course vers Ushuaia avec Manon et Quentin est perdue d’avance … mais on ne s’avoue pas vaincus pour autant et décidons de reprendre l’auto-stop dès le lendemain afin de parcourir les 1700 kilomètres qui nous séparent de celle que l’on surnomme "le bout du monde".