Nous avons enfin testé la LGV (Ligne Grande Vitesse) ! Il faut admettre qu’un Rennes-Paris en 1h30 c’est vraiment rapide, ce qui est particulièrement agréable lorsqu’on doit prendre plusieurs transports et qu’on ne souhaite pas y passer la journée. Après le train, place à l’avion ; notre vol Transavia est direct jusqu’à Tivat (Monténégro) et dure environ 2h. Pour l’anecdote, je me suis endormie à terre avant le décollage et je me suis réveillée au-dessus de l’Adriatique au moment de l’atterrissage… je remercie donc le pilote d’avoir décollé délicatement pour ne pas me réveiller.
Mais parlons plutôt de l’atterrissage. Je vais tenter de passer au-delà des secousses et trous d’airs qui nous attendaient à notre arrivée, ainsi que des phrases que j’aime dire à Guillaume dans mes moments de doutes aériens : « tu penses qu’on va mourir ? J’ai vérifié, j’ai bien le gilet de sauvetage ! On a plus de chance de survivre à l’arrière, non ? Je n’ai vraiment pas envie qu’on s’écrase maintenant, je préfère que ça arrive au retour, histoire d’avoir bien profité tu comprends ? … ». Atterrir à Tivat sous le soleil c’est époustouflant ; les immenses montagnes tombent dans la mer infinie, les plaines et les hectares de forêt viennent ajouter davantage de charme à un pays qui semble déjà si beau et naturel. Cette première approche nous laisse sans voix (et également sans photos puisqu'on nous étions trop occuper à profiter du moment présent).
Jour 1 - Arrivée à Sveti Stefan
Nous entrons dans l’aérodrome, présentons notre carte d’identité et filons réaliser le rêve le plus fou de Guillaume : louer une voiture à l’étranger (chacun ses rêves, hein…)! Les tarifs semblent les plus avantageux chez Europcar alors nous nous élançons dans les démarches pour 12 jours de location (nb : pensez à élever les plafonds de votre carte pour ne pas vous retrouver coincés après le blocage de la caution, à bon entendeur). Cette location a clairement été la plus grosse partie de notre budget lors de ce voyage, mais cela nous semblait essentiel pour découvrir le pays en profondeur puisque les transports en commun (bien qu'en expansion) ne desservent que les villes touristiques et que nous avions choisi de voyager à travers ce pays pour sa diversité et ses paysages à explorer.
Le Monténégro représente environ la moitié de la Bretagne. On vous entend d’ici penser « on en a vite fait le tour alors ! » Mais détrompez-vous, il s’agit (pour faire simple et français) d’une demie-Bretagne bordée par la mer, parsemée de lacs et traversée par les Alpes (ok, là on est carrément marseillais). Pour rester dans le local, imaginez un Quimper-Brest en 2 :30 vous comprendrez mieux les 1200kms parcourus en 12 jours.
Parlons peu, roulons bien, il est temps de rejoindre notre premier Airbnb. Une petite pépite dont nous sommes fiers, à l’intérieur très basique mais à la vue exceptionnelle donnant sur l’île de Sveti Stefan.
L’atmosphère est tellement fantastique que nous ne savons que répondre à l’hôte lorsqu’il nous demande si la vue nous plait. Il faudrait vraiment être difficile. Après quelques courses à la superette du coin nous décidons de manger en terrasse pour profiter pleinement du coucher de soleil sur l’île la plus riche du Monténégro. Sveti Stefan était à une époque un petit village de pêcheur mais il a été privatisé il y a quelques années et s’est transformé en luxueux complexe hôtelier très prisé des russes.
Jour 2 - La touristique Budva
Malin que nous sommes nous avons choisi un logement à Sveti Stefan pour pouvoir rayonner sur la côte adriatique en environ 1h de voiture. Budva étant le lieu d’intérêt le plus proche de chez nous il a également été le plus difficile à atteindre. Il nous aura fallu une bonne heure de voiture pour réaliser … 9kms. Et pourtant il nous suffisait de longer l’Adriatic Highway (oh yeah) ponctuée de trois feux. Trois malheureux feus auxquels il ne fallait pas se fier car pour une raison inconnue la police gérait (plus ou moins) la signalisation aux carrefours.
Ajoutez à cela que Budva est une énorme station balnéaire, dotée de grandes plages de sable (ce qui est rare pour le pays) proche de la côte et des destinations journalières comme les Bouches de Kotor. Et c’est également la ville la plus animée du littoral, idéal pour faire la fête. Par ailleurs, le tourisme se développe à son rythme au Monténégro mais Budva est le lieu où nous avons croisé le plus de français, qui séjournaient généralement ici à la semaine. Pour pousser un peu le vice les places de stationnement se font rares et payantes, et les piétons marchent sur la route puisque les voitures se garent sur les trottoirs (ce qui est toléré étant donné le manque cruel de stationnements). Nous optons donc pour un parking de supermarché souterrain : le prix est le même qu’en extérieur sauf qu’il n’y fait pas 32 degrés (aussi rusés que des renards on vous dit) !
Notre premier regard sur la ville se pose sur la marina, que nous longeons jusqu’à atteindre la vieille ville (Stari Grad). Dans son enceinte de pierre, elle nous fait penser à une mini-Dubrovnik, avec ses étroites rues pavées donnant sur des boutiques et des restaurants. On en profite pour conclure la promenade par l’achat d’une pizza sous forme de sandwich enroulé (difficile à décrire mais agréable à manger) que nous dégustons au bord de la plage qui borde le centre. Le prolongement de la plage nous permet de découvrir la statue de bronze d’une danseuse étoile avec en fond l’île de St Nicholas, la plus grande île du Monténégro.
A présent nous décidons de nous promener le long des remparts qui bordent la vieille ville. Nous sommes seuls et profitons de ce moment calme pour admirer les toits rouges du vieux centre qui donnent sur le bleu azur de la mer.
Nous poursuivons avec la visite de la citadelle. Située dans la partie de la vieille ville qui surplombe la mer, elle offre une vue imprenable sur Budva d’un côté et sur la mer et l’île St Nicholas de l’autre.
Toujours peu de touristes, c’est à se demander si il reste de la place sur les plages… dans l’enceinte de la citadelle se trouve une bibliothèque sui regroupe des ouvrages (parfois très rares) de tous langages.
Nous décidons de ne pas nous entasser sur la foule de plagiste et rentrons à Sveti Stefan pour profiter d’une plage presque vide à seulement 214 marches de chez nous avant de profiter d’un bon repas face à une vue dont on ne se lasse pas.
Jour 3 - Promenade sur le lac de Skadar
C’est aujourd’hui que la voiture va se révéler indispensable. Au-delà du bonheur de ne pas nous imposer d’horaires, elle va nous permettre de découper notre journée en nous rendant à des endroits un peu éloignés voir non desservis par les transports publics.
Nous débutons la journée par la découverte de Cetinje, l’ancienne capitale du Monténégro. Il y a très peu de monde, tout semble calme. On aurait presque l’impression d’être entrés dans un musée à ciel ouvert tant les lieux d’intérêts sont distincts et mis en avant.
Statues, musées, monastères, ambassades, églises… voilà de quoi est constituée cette ville culturelle.
On est loin des paysages sauvages auxquels ont commençait à s’habituer mais nous ne regrettons pas notre passage à Cetinje car c’est ici que nous en avons appris davantage sur l’histoire et le passé du Monténégro.
Sur l’heure de midi nous faisons route vers Virpazar, un tout petit village qui représente l’accès principal au lac de Skadar, le plus grand lac des Balkans. 2/3 du lac appartiennent au Monténégro et l’autre tiers à l’Albanie, et il est clairement déconseillé de tenter de franchir cette frontière. Le lac est le lieu rêvé pour tout amateur d’ornithologie puisqu’il est célèbre pour les plus de 250 espèces d’oiseaux qu’il abrite.
Après avoir pique-niqué dans le coffre de la voiture (les zones d’ombres se font rares et le soleil tape fort, on fait avec les moyens du bord) nous rejoignons les rives du lac bordé de nénuphars. Nous attendons le Golden Frog, une embarcation familiale qui propose une ballade explicative sur le lac, à l’instar de beaucoup d’autres compagnies qui essayent de nous appâter depuis notre arrivée. Si nous avons choisi le Golden Frog c’est parce qu’il ne donne pas l’impression de payer pour un trajet touristique en endossant le rôle du 145ème client de la journée.
Ici C’est Ana ou Ivana qui présentent le tour en anglais et qui nous apportent des détails sur les différentes espèces marines que nous croisons, ou encore sur les villages que nous longeons, les îles lointaines et leurs histoires passées. Leur papa, qui ne parle pas anglais, conduit le bateau, et leur maman prépare des pâtisseries locales dans un panier en osier qui nous sont offertes après quelques plongeons dans ce lac vert.
De plus le nombre de places est limité (nous étions avec un couple d’anglais et une famille flamande) et le prix est moins élevé que chez les concurrents. Une magnifique expérience qui nous a permis de profiter de paysages splendides et encore préservés, avec en bonus une baignade dans le lac avant le retour au port de Virpazar.
Suite à cet agréable après-midi, nous décidons d’aller admirer un célèbre point de vue à Rijeka Crnojevića où passe la rivière du même nom à l’extrémité du lac de Skadar. Nous avons suivi les conseils avisés du blog Earthtrekker et avons choisi la route secondaire la moins étroite, qui restait cependant bien étroite. Avant d’atteindre le point de vue nous apercevons de la fumée. Etant donné les incendies qui ravagent le pays, c’est mauvais signe. Guillaume part en éclaireur, car une fois sur la route il n'y a pas réellement de possibilité de faire demi-tour et ce serait dommage de brûler la voiture de location dès le 3ème jour.
Des voitures remontent la route, nous en arrêtons une pour discuter avec son conducteur et apparemment tout va bien, nous pouvons poursuivre notre descente (oui, on a pour habitude de croire des inconnus sur parole). Une fois sur place nous n'avons plus qu'à nous émerveiller devant un tel spectacle.
Autant de végétation et de nature dans un si petit espace, c’est vraiment splendide. On aperçoit également la demeure de l’ancienne famille royale à l’époque ou la capitale était encore Cetinje. C’est ici qu’elle venait passer l’hiver lorsque les températures étaient extrêmes.
Nous gardons l’image de cet instant en mémoire et faisons route vers l’appartement avant de manger une fois de plus face au coucher de soleil qu’offre Sveti Stefan.
Jour 4 - Jusqu’à la frontière albane : Stari Bar et Ulcinj
En ce dernier jour sur la côte Adriatique nous décidons de nous rapprocher de la frontière Albane. Nous faisons donc route vers le sud et remonterons au fil de la journée en nous arrêtant aux points d’intérêts choisis. Notre premier arrêt (et pas des moindres) s’effectue à Ada Bojana. Ce joli petit nom ensoleillé n’est autre qu’un ilot naturiste qui fait frontière avec l’Albanie. Innocents que nous sommes, nous pensions qu’il y avait des plages nudistes, certes, mais pas que. Eh bien loin de là, au contraire.
Pour accéder à l’île il faut passer un pont, sur ce pont nous apercevons de loin un grand panneau publicitaire et je dis à Guillaume en riant « pour un peu, ils ont mis des pubs de gens nus, haha… ». Je ne croyais pas si bien dire … nous voilà face à une paire de fesses géante, bienvenue à Ada Bojana. Nous apercevons au loin une petite cabane et des barrières, il faut payer 2 à 5€ pour y accéder et il nous est conseillé de rester près de l’embouchure si nous souhaitons rester habillés. Le message est clair et nous fait sourire, mais nous n’allons pas payer pour nous prélasser nus dans le sable, non non non … nous rebroussons légèrement chemin et faisons nos curieux en commençant à suivre une petite route de sable entre des branchages. Ayant grandi dans le Finistère, notre instinct nous dit qu’il pourrait s’agir d’un chemin méconnu menant à une plage locale. Bien accrochés à nos maillots (on ne va pas se faire avoir deux fois) nous suivons cet interminable chemin sans visibilité, jusqu’au moment où nous nous retrouvons sur une plage.
Mais oui, pourquoi s’embêter avec un parking alors qu’on peut directement se garer sur la plage ? On rit de nos voisins embourbés qui se font aider par des locaux, et on joue les fins Bretons qui s’y connaissent en sable pour choisir un bout de plage plus adapté pour se garer. Ca ne transparait pas sur les photos mais nous sommes assez étonnés de la couleur du sable, il est gris, plutôt foncé mais tout doux.
Il n’y a pas grand monde sur la plage et comme toutes les plages ici il y a une partie payante (avec parasols et transats) et une partie gratuite où l’on peut simplement étendre sa serviette si on le souhaite. Super fiers de notre trouvaille nous partons nous rafraichir dans l’eau et réalisons de ce nouveau point de vue que nous sommes à l’extremité sud de Velika Plaza, la plus grande plage de sable du pays qui s’étend sur plus de 12kms. Quel bonheur !
C’est donc frais, heureux et détendus que nous reprenons la voiture pour acheter de quoi confectionner des sandwichs et faisons route vers le nord en direction d’Ulcinj (ne vous fatiguez pas à essayer de le prononcer correctement). Le guide Lonely Planet nous vendait un aperçu de l’Albanie sans avoir besoin de franchir la frontière et ça n’a pas raté.
Une architecture bien différente (lorsque les constructions ont abouties, sans offense), un langage et des visages différents, des mosquées de part et d’autre des rues, et pour cause, ici il y a plus de 60% d’albanais et la population est majoritairement musulmane.
Assis sur un muret à l’ombre, dos à une immense plage touristique aux parasols colorés, nous apprécions notre sandwich face aux habitations qui semblent tout simplement posées sur le flanc de la montagne.
Ne distinguant pas les touristes de leurs serviettes tant ils sont en grand nombre, nous faisons une croix sur une éventuelle baignade, nous attendrons plus tard dans la soirée.
Nous longeons la grande plage et montons à la vieille ville (Stari Grad) qui est loin de ressembler à celle de Budva découverte quelques jours auparavant. Ici on se croirait dans un complexe hotelier collé à des ruines desafectées. En se balladant (encore une fois completement seuls) dans les ruelles de cette vieille ville on se demandait si nous avions raté le chemin principal et si nous avions le droit d’être là. Mais c’est justement ce qui fait le charme de cette Stari Grad, son côté abandonné qui nous donne l’impression d’avoir fait la découverte du siècle.
La vue d’en haut est relativement agréable, on sent enfin un peu de vent, ce qui fait du bien par ces 32°c. Nous esquivons toutes les propositions d’hotels et restaurants sur le retour et reprenons la voiture en direction de Stari Bar.
Stari Bar (qui signifie Vieux Bar) est le lieu d’origine de la ville de Bar. Sur une carte elle se situe juste en face de Bari en Italie, amusant et probablement pas un hasard. Cette vieille ville, située sur les hauteurs, est composée de ruines auxquelles on accède après avoir monté la raide pente qui mène à l’arche d’entrée. Là où nous avons fait une erreur, c’est que nous avons payé notre entrée et que nous n’avons pas acheté de guide, pensant que comme souvent les détails seraient donnés près de chaque ruine pour en apprendre un peu plus sur l’histoire passée de cette ville. Malheureusement, après les premières ruines indiquant une boulangerie, plus rien.
Le chemin était bien entamé (et il faut être sacrément courageux pour faire chemin arrière lorsqu’on est à pied dans ce pays puisque tout est en dénivelé aux pavés glissants) alors nous continuons sans le dépliant. La culture en moins, nous profitons tout de même de la visite, ces ruines envahies par la végétation restent tout aussi impressionnantes. Quelques objets de l’époque ont été conservés et son exposés dans la partie basse de la visite. Une exposition de photographies récentes est mis en place sur la partie haute.
Il y a très peu de monde, probablement du à l’heure tardive de notre arrivée, mais tant mieux, nous pouvons profiter des temperatures un peu plus fraiches dans le calme face à la nature monténégrine qui reprend ses droits sur d’anciennes batisses.
Sur le chemin du retour nous nous arretons à Bar car nous avions vu une toiture brillante à l’aller qui nous intriguait.
Il s’agissait en fait de l’église St John, une immense église orthodoxe blanche et or qui nous ébloui avec le soleil, le tout sur un fond de ciel bleu sans nuage. Toute la place est splendide, du sol à l’olivier en passant par le magasin de souvenirs qui la côtoie.
Nous avons eu la chance de pouvoir entrer à l’intérieur et elle est toute aussi splendide. Un travail extremement précis des fresques, des dorures et des lustres rendent cet endroit magique. Croyant ou non, l’architecture et les décors de cette église vallent la peine d’être vus.
Nous termineront cette journée par une promenade dans la nouvelle ville de Bar en bordure de l’Adriatique et une pause sur les galets de la plage du centre, avant de rentrer faire nos valises.
Eh oui, demain nous quittons notre appartement à la vue imprenable sur Sveti Stefan pour rejoindre les montagnes du nord et le parc national du Durmitor. Pour cela nous allons traverser le pays en voiture et nous arrêter la journée à Podgorica, la capitale actuelle du pays pour voir ce qu’elle a à nous offrir.