Des bouches de Kotor au Mont Lovćen
Jour 9 - Le vieux Kotor, le Mont Lovćen et son mausolée
Pour notre premier réveil à Kotor, nous décidons de ne pas nous presser (on se presse rarement, il faut bien l’admettre...). Nous partons tranquillement jusqu’à l’office du tourisme de la ville avec la mère de notre hôte pour nous enregistrer auprès de l’administration. Cette jeune grand-mère a ponctué notre séjour de bonne humeur dès notre arrivée. Après nous avoir accueillis avec de l’eau fraîche et de la pastèque, voilà qu’elle nous raconte une multitude de choses en monténégrin tout en ayant très bien conscience que nous ne comprenons strictement rien. On l’entend encore nous dire dans la voiture un équivalent de « c’est fatigant ces voitures modernes qui n’arrêtent pas de sonner » sans envisager une seule seconde qu’attacher sa ceinture suffirait à arrêter ce bruit. Un vrai personnage, le cœur sur la main !
Une fois en règle, nous quittons l’office du tourisme et marchons jusqu’à la vieille ville de Kotor. Nous nous asseyons à la terrasse du Bastion, un restaurant de fruits de mer bien côté d’après notre hôte, en accord avec les guides touristiques. Le risotto à l’encre de seiche en entrée était sympathique mais nos avis ont divergé concernant le plat principal. J’ai adoré mes gambas à la sauce tomate maison alors que Guillaume a eu plus de mal à apprécier ses encornets. Le prix était le double du restaurant où nous avions mangé à Podgorica quelques jours avant et les saveurs ne l’ont pas détrôné. Cela dit, le Bastion reste un bon restaurant et sa terrasse, juste sous les remparts et en plein cœur de la vieille ville, a du charme.
A présent rassasiés, nous déambulons un bon moment dans le centre de la ville fortifiée entre les murs de pierres, les hauts monuments et les chats. Il y en a tellement dans Kotor que ce félin est devenu le symbole de la ville, qui possède d’ailleurs un musée à son effigie.
Cette Stari Grad (vieille ville en monténégrin), nous rappelle un peu celle de Budva ou encore de Dubrovnik en Croatie avec ses étroites ruelles, ses églises qui se fondent dans le décor et ses touristes bienheureux qui se faufilent entre boutiques et restaurants une glace à la main. A l’extérieur, une immense poupée est assise sur les remparts de la ville mais nous n’en avons toujours pas l’explication.
Une demie heure de marche plus tard, nous revoilà à l’appartement. Nous prenons à présent la voiture pour monter la célèbre route Serpentine qui nous mènera au Mont Lovćen, une montagne monténégrine classée parc naturel.
Au Monténégro, les parcs naturels sont généralement payants. Cependant les cabanons aux entrées sont parfois vides, auquel cas l’entrée devient gratuite (du moins, c’est comme ça que nous l’avons interprété…). Par exemple, au Mont Lovćen nous n’avons payé qu’une fois tout en haut de la montagne pour accéder au mausolée car il n’y avait personne dans la maisonnette à notre arrivée dans le parc.
Une fois garés sur les hauteurs de la montagne, quelques 400 marches nous attendent afin de rejoindre le sommet. Tout en haut se trouve le mausolée Njegoš, abritant la dépouille de Petar II Petrović-Njegoš, un poète, philosophe et souverain monténégrin du 19ème siècle. Il est très apprécié ici et beaucoup de statues à son effigie sont présentes sur l’ensemble du territoire.
Au-delà du monument et de ses deux géants de granit, de nouveaux escaliers mènent jusqu’à sa tombe où il est possible de se recueillir, dans une crypte cyclique.
Lorsqu’on remonte, on accède à un splendide chemin sur la crête du mont, donnant accès à un panorama à 360° sur le pays, allant même jusqu’à pouvoir apercevoir les pays voisins par jour de beau temps. Comme beaucoup d’endroits au Monténégro, le chemin n’est pas sécurisé et il ne vaut mieux pas avoir le vertige.
J’escalade le muret pour construire, comme beaucoup semblent l’avoir fait avant moi, ma petite tour de pierres.
Pour le retour, nous nous aventurons en bas du mausolée et atteignons un chemin non balisé mais bien plus naturel qui nous permettra d’éviter les escaliers de l’aller quelque peu ennuyants.
Nous retraversons le parc naturel et redescendons une nouvelle fois la route Serpentine. A croire que nous vouons une passion aux routes courbées et aux têtes d’épingles. Ça fait maintenant 3 fois qu’on monte et descend cette route emblématique et la vue nous épate toujours autant !
Au retour, nous n’avons qu’à réchauffer le repas concocté par notre mamie monténégrine : un plat de pâtes aux tomates maison, vraiment excellent ! Et ça tombe bien car il faut prendre des forces pour s’attaquer à la journée qui nous attend demain.
Jour 10 - Canyoning sur les hauteurs de Kotor et détente à Herceg Novi
Réveillés de bonne heure et de bonne humeur, nous partons à la rencontre des guides qui nous accompagneront pour notre première session de canyoning. Le canyoning consiste à descendre des canyons en mêlant randonnée, escalade et sports en eaux vives, le tout en pleine nature.
Comme la sécurité au Monténégro n’est pas toujours de mise, nous avons mis un peu de temps à choisir notre compagnie avant de sauter dans 15 mètres de vide. Eh bien nous ne sommes pas déçus ! La rencontre avec nos deux guides est rassurante, les deux hommes ont tout juste la trentaine, ils maîtrisent l’anglais (obligatoire pour comprendre les conseils et mesures de sécurités) et le feeling passe vraiment bien. Le coût de la demie journée (matériel inclus) est de 80€ par personne, montant jusqu’à 100€ lorsqu’il y a moins de trois personnes. Nous avons eu la chance de n’être que deux sur ce créneau et le surplus en valait largement la peine.
Tout commence par une randonnée d’environ une heure pour atteindre les hauteurs de Kotor. Nous croisons la route de divers animaux et admirons la baie à chaque virage. Une fois à l’ombre d’un arbuste, nous nous arrêtons pour un premier briefing. Il va falloir descendre une pente de gravas avant d’arriver au point de départ du Canyoning. Nos guides sont vraiment superbes avec nous, ils savent nous mettre en confiance et expliquent les choses de manière très rassurante.
Au point de départ de la session de canyoning, le premier s’harnache et descend. De notre côté on a juste l’impression qu’il a disparu dans le vide car une roche nous empêche de voir le fond du gouffre, ce qui n’est pas franchement rassurant de premier abord. Il nous assure depuis en bas, et va nous conseiller sur nos placements de bras et de jambes pendant la descente. Le second, toujours en haut avec nous, nous montre comment nous attacher et toujours rester en sécurité. Je décide de partir la première afin de ne pas avoir le temps réfléchir. Le guide compte « 1,2,3 » et me dit « go ! ». Ni une ni deux, me voilà au-dessus du vide. Quand je disais qu’on pouvait vraiment leur faire confiance ! Une fois en bas, le premier guide revient sur ma descente en m’expliquant comment me détacher sans ne jamais oublier l’aspect sécurité. Pendant ce temps Guillaume descend, il n’a pas non plus hésité avant de sauter bien que les guides nous aient prévenus « là, votre cerveau va essayer de vous dire non, mais il ne faut pas l’écouter, il faut nous faire confiance ». Etonnamment, c’était aussi facile à dire qu’à faire.
Première descente agréable et validée par nos instructeurs, nous allons donc gagner en autonomie et descendre des parties du canyon plus ou moins hautes, escarpées et inclinées pendant près de 2 heures. Leur but étant de nous laisser le maximum d’autonomie afin de prendre confiance et de terminer cette session en ayant de bonnes bases.
Le canyoning, en règle générale, se pratique pour moitié avec de l’eau. Il doit être possible de sauter dans des trous d’eau, de prendre des toboggans naturels, de passer sous des cascades… Mais ici c’est la sécheresse. Nous nous tenons sur les roches sèches à l’endroit même où il devrait y avoir 15 mètres de fond. C’est pour cela que j’ai sauté sur l’occasion de me jeter à l’eau dès qu’elle s’est présentée. Face à moi, un guide qui m’explique comment me positionner et pousser pour prendre de l’élan afin de passer au-delà des roches à fleur d’eau. Derrière moi, l’autre guide lance de petits cailloux dans l’eau pour pointer l’endroit où je dois arriver. L’énorme serpent mort au fond du plan d’eau ne donne pas spécialement envie de s’engager mais après réflexion, je m’élance du haut de ces 5 mètres de hauteur (plus ou moins bien pour ceux qui connaissent l’histoire). Habituellement peu téméraire, je ne suis pas peu fière de moi ! Guillaume de son côté relève également un défi personnel, celui de ne pas se mouiller jusqu’à l’arrivée à Kotor. En choisissant de ne pas sauter, il doit descendre le long d’une paroi qui sera à mes yeux la plus technique à appréhender, et c’est une réussite !
Quelques descentes plus tard nous rejoignons la terre ferme et l’entrée de la vieille ville de Kotor. On remercie nos guides une dernière fois, on a vraiment eu la sensation d’avoir passé une demie journée avec des amis. Ce moment était extraordinaire, nous avons pu leur faire entièrement confiance ce qui nous a permis de nous surpasser mentalement et physiquement. Un vrai bonheur !
Après un bon repas à l’appartement, nous faisons route vers Herceg Novi, une ville située à l’entrée des bouches de Kotor, comptant tellement d’escaliers et de dénivelé qu’elle a été élue ville la moins accessible du Monténégro pour les personnes à mobilité réduite. Nous avons bien fait de choisir de la visiter cet après-midi car le lendemain les courbatures dues au canyoning étaient bien présentes.
Nous commençons par la visite de Kanli Kula, une forteresse située à mi-hauteur de la ville. Nous nous promenons dedans et en faisons le tour depuis le haut des remparts. Une vue splendide sur la ville nous est offerte : ciel bleu, palmiers, maisons aux toits rouges. Un visuel qui représente bien l’idée qu’on peut se faire du Monténégro.
Nous en redescendons et marchons jusqu’à la plage. Il s’agit en fait d’une grande dalle de béton qui se fait légèrement submerger par l’eau, qui est tout de suite plutôt profonde. Un endroit artificiel mais plaisant étant donné les chaleurs subies depuis notre arrivée. L’eau est très claire, elle est réputée pour faire partie des eaux les plus pures des bouches de Kotor du fait de sa position à l’entrée des bouches. Nous voyons bien la différence avec les eaux de Kotor.
Au coucher du soleil nous terminons de sécher en terrasse d’un bar, accompagnés d’une boisson et d’une part de pizza. Vous ne rêvez pas, les monténégrins semblent aimer les pizzas en sauce. Lorsqu’on m’a proposé « Ketchup ou Mayo » j’ai bien compris que l’option « pizza nature » ne leur apparaissait pas comme une évidence. Par conséquent je n’ai pas trop cherché à l’éviter, en ai pris une de chaque afin de nous essayer à la tradition.
A la tombée de la nuit, nous contournons la baie jusqu’à revenir à Kotor et profiter d’une bonne nuit de sommeil.
Jour 11 - Orage à Perast, soleil à Tivat
Le voyage touche à sa fin et ça se sent. Ce matin nous sommes fatigués, en grande partie suite aux efforts physiques de la veille mais aussi parce que nous avons tenus un bon rythme durant les 10 premiers jours de voyage. Nous trainons au lit une bonne partie de la matinée et nous décidons sur le tard d’aller faire un tour à Perast. Robe pour moi, short pour lui et en route ! Notre ambition nous perdra... à peine quitté la maison qu’un orage frappe la baie.
Les températures chutent, la pluie est fraîche, ça fait du bien ! Cependant les gouttes sont tellement grosses qu’on finit par essayer de trouver un abris le temps que ça se calme.
Perast est vraiment minuscule, un petit port, un petit centre, de petits bars… c’est une ville que l’on peut qualifier de « mignonne ». Le ciel gris au loin met ses couleurs en valeur.
Après avoir enfin acheté quelques cartes postales (peu fréquentes au Monténéro), nous trouvons un chemin mystérieux. De petits escaliers de pierres masqués par des branchages se cache en bord de route. Nous montons et nous retrouvons au milieu de ruines sur les hauteurs de Perast avec une vue imprenable sur la ville. Il ne pleut plus, les températures restent fraîches, un vrai bonheur !
Après un bon repas à la maison, nous continuons d’explorer les bouches de Kotor en nous rendant cette fois-ci de l’autre côté de l’entrée des bouches, à Tivat. En une ou deux heures, les températures ont bien remonté alors nous décidons d’accéder à la plage de Porto Monténégro. Nous passons devant la célèbre Marina de luxe classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il paraîtrait que cette zone soit le nouvel El Dorado des millionnaires. On doit probablement y retrouver une population proche de celle qui loge sur l’île de Sfeti Stefan. Nous clôturons cette belle dernière journée en alternant baignades, bronzette et pizza.
Il est à présent temps de boucler nos sacs, demain matin nous rendrons la voiture à l’aéroport et nous nous envolerons vers la France. Nous garderons du Monténégro une image extrêmement positive ; des paysages époustouflants, un naturel déconcertant, des touristes presque inexistants et une innombrable variété d’activités… voilà ce qui devrait vous donner envie de vous rendre dans ce fabuleux pays des Balkans !