Podgorica et le parc national du Durmitor
Jour 5 - Podgorica, la capitale malaimée
Nous avons entendu parler de Podgorica comme étant une ville « moche », « inutile » et où il n’y a « rien à faire ». Même les guides touristiques ne placent pas cette dernière dans leur top 15, alors qu’elle est la plus grande ville du pays. Cette récente capitale qui succède à Cetinje se trouve à mi-chemin entre la côte et les montagnes du Durmitor. C'est donc sans grand espoir que nous prenons la route. Sur le trajet nous faisons un petit crochet pour admirer les chutes du Niagara locales (vraiment sans prétention ces monténégrins) mais en période de sécheresse voilà à quoi vous attendre :
Nous parcourons les quelques kilomètres qui nous séparent encore de la capitale et nous garons au cœur de la ville. Il est presque midi et nous avons eu de bons échos d’un restaurant de poisson dans le coin. Nous partons donc à sa recherche, entre les bâtiments qui tombent en lambeaux et ceux qui sont probablement très fonctionnels mais extrêmement mal entretenus, avec l’étrange sensation d’avoir atterri dans une ville banlieue fantôme. Nous arrivons au restaurant recherché, Lupo di Mare, et à notre grande surprise, nous sommes seuls. On commence franchement à se poser des questions... Nous choisissons un menu pour 2 à la carte en pariant que le plat du jour serais frais.
Bonne pioche ! Après avoir goûté un excellent vin local le plat arrive : un risotto rouge accompagné de poisson frais, d’encornets, de gambas et de tentacules de poulpe. Il s’agit de notre premier restaurant au Monténégro, un exploit pour nous qui y mangeons habituellement tous les jours en vacances, mais cette année le budget est parti dans la Vuwup (le petit nom donné à notre voiture de location, une "volkswagen up"). Raison de plus pour apprécier cet excellent repas dont on reparlera tout au long du voyage avec des étoiles dans les yeux.
Guillaume m’emmène ensuite sur des ruines bordant la rivière Morača, probablement le seul charme que l’on trouvera à cette ville. Il fait chaud et l’air de l’Adriatique n’est plus là pour nous rafraîchir, mais avant de piquer une tête nous essayons de faire d’autres découvertes agréables.
Nous remontons les ruines par d’anciens escaliers, traversons un minuscule parc décoré d’une statue qui semble s’être perdue ici il y a des années… vous l’aurez compris, nous ne sommes pas conquis par Podgorica, et nous pouvons même vous dire que même si elle joue un rôle administratif clé pour le pays, d’un point de vue touristique, historique et culturel, c’est le néant.
Une mosquée et une cathédrale presque invisibles tant elles sont petites et sobres face à celles de la côte, la tour de l’horloge en travaux, de grands axes bétonnés au milieu de tours délabrées, notre avis rejoint les dizaines d’autres qui nous ont été donnés : ce n'est pas parce que c'est une capitale qu'on y trouve des choses à faire. Néamoins, en termes d'architecture et d'urbanisme, nous avons apprécié les nombreux ponts, surtout celui de l'indépendance (oui, oui, ce pont vaut la peine d'être mentionné ! Et il pourra même rappeler un petit coté Brestois pour ceux à qui ça parle).
Dans cette histoire, il fait toujours bien trop chaud, nous traversons donc les divers ponts pour nous rendre juste en dessous, sur les galets, afin de profiter de la rivière. Je ne me souviens pas de m’être déjà baignée dans une rivière, mais celle-ci était limpide et plutôt fraîche. Pour l’anecdote, nous avons senti comme des fourmillements sur les jambes assez rapidement après notre entrée dans l’eau. En baissant la tête nous avons vu des centaines de petits poissons, ceux que l’on peut trouver dans les pédicures pour nettoyer les pieds, étaient en train de nous grignotter le corps. Drôle mais déroutant, surtout quand on ne s’y attend pas. Bref, Podgorica aura au moins eu l'honneur de nous offrir une dernière baignade avant de rejoindre Zabljak, notre village de montagne à 1500m d'altitude pour les 3 prochains jours.
Jour 6 - Les hauteurs du Durmitor et le bleu du Lac Noir
Après un réveil tardif et un bon petit déjeuner, nous décidons de partir à la recherche d’un point de vue sur les hauteurs du Durmitor. Le Durmitor est un parc national classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Son plus haut sommet culmine à 2528m et il possède une faune et une flore très riche. Nous partons donc les mains dans les poches, en sandales pour ma part pensant simplement profiter de la beauté de la nature sans trop d’efforts.
Nous arrivons donc au point de parking, laissons la voiture de coté et payons l’entrée au parc national 3€ chacun (conseil : gardez votre reçu, il est valable toute la journée et vous n'aurez pas besoin de repayer pour accéder à une autre entrée). Nous voyons en contre-haut une de barrières de bois : le point de vue étant nommé « belvédère », cela fait sens. Nous montons donc jusqu’aux barrières et effectivement, la vue est tout simplement splendide. Nous sommes clairement à des centaines de mètres au-dessus du vide, avec pour seule sécurité 4 petites barrières de bois espacées de 3 mètres. C’est quelque chose qui nous a beaucoup marqué au Monténégro d’ailleurs, à de multiples occasions on se retrouve sans la moindre sécurité, ce qui change beaucoup de chez nous où tous les chemins sont jalonnés.
Etant donné le tarif d’entrée (qui n'est pas donné pour le pays), nous décidons de nous aventurer entre les roches et les pins en nous frayant un chemin dans la terre. Plus nous avançons, plus nous sommes en admiration face à la vue qui s’offre à nous. Le chemin semble tracé mais comme souvent aucune indication n’est présente. Nous nous enfoncons donc dans la forêt en pleine montagne sans savoir où cela va nous mener.
Nous rejoignons finalement l’un des sommets du Durmitor (compter 1h30 aller-retour environ) et avons profité quasiment seuls d’une vue à couper le souffle sur le massif. Nous sommes restés au sommet un bon moment avant de rentrer manger, l’air frais nous fait le plus grand bien après avoir passé une heure à monter sous le soleil.
Nous arrivons à Zabljak et encore une fois le timing est parfait puisqu’il commence tout juste à pleuvoir. Nous en profitons pour manger et entendant l’orage s’abattre sur la montagne, nous optons même pour une petite sieste. A notre réveil il ne pleut presque plus, nous reprenons la voiture en direction du Lac Noir et entrons avec le ticket acheté le matin même.
Au moment où nous analysons la carte à l’entrée du lac pour choisir notre chemin de randonnée, nous croisons les voisins de notre chalet qui proposent de nous laisser leur carte annotée puisque leur séjour ici se termine. C’est avec plaisir que nous acceptons (merci encore les voisins !). Nous voilà donc partis pour quelques kilomètres de marche autour du lac, à travers une forêt de pins mystiques sous la brume.
Le parc du Durmitor renferme 18 lacs glaciaires qui sont appelés « les yeux de la montagne » et le Lac Noir est le plus grand d’entre eux tout en étant le plus proche de Zabljak. A la fin d’une longue allée bordée de pins, nous l’aperçevons, loin d’être noir, il est d’un bleu merveilleux, on se demande d’ailleurs comment il peux prendre cette couleur.
Comme il y a peu d’eau en ce moment, le lac n’est pas rempli et il nous est possible de le traverser à pied, ce que nous faisons.
Après de longues minutes d’admiration nous poursuivons dans les chemins de la forêt qui « montent bien » comme nous avaient prévenus les voisins. Tout est tellement sec que nous marchons dans ce qui est supposé être le lit d'une rivière sans nous en apercevoir.
D'après la carte, un deuxième lac devrait bientôt apparaître mais nous finissons par comprendre que nous ne le verrons pas. Et pourtant nous en sommes proche puisque nous marchons dessus. En effet, le lac s'est évaporé laissant place à de l'herbe molle qui, au mieux, laisse les touristes s'enfoncer jusqu'aux mollets.
Tant pis, nous rebroussons chemin en empruntant un nouveau sentier et rejoignons le lac noir au coucher du soleil. Nous passons de longues minutes à nous émerveiller face à ce cadeau de la nature et rentrons au chalet en voiture.
Jour 7 - Rafting dans le Canyon de la Tara
Ce matin pour la première fois nous nous réveillons de bon matin au son du réveil. Nous avons devant nous deux bonnes heures de route à travers la montagne pour rejoindre Šćepan Polje à la frontière Bosniaque. Nous arrivons alors à l’extremité nord du pays, là où les montagnes forment des gorges de 1300m de profondeur, donnant ainsi au Canyon de la Tara le rang de second plus grand canyon mondial juste après le Grand Canyon du Colorado (USA).
La grande activité touristique ici c’est le rafting. Etant de bons touristes et n’en ayant jamais fait, descendre le plus grand canyon d’Europe en rafting nous semblait être un bon début ! En cette période estivale très sèche, nous sommes loin des remous sauvages de la rivière printanière qui monte avec la fonte des glaces. Cela dit, nous nous engagons tout de même pour 18km de descente dans une eau à moins de 10 degrés comportant une série d’une vingtaine de rapides. Ici, comme au Lac Noir l’eau, est d’un bleu si pur et si vif qu’on ne regrette pas nos 2h de route au milieu des vaches et des montagnes.
Nous profitons d'un petit déjeuner copieux et bien complet compris dans le prix de l'excursion où nous retrouvons quelques spécialités découvertes sur le lac de Skadar. Lorsque Marko arrive, nous enfilons casques, combinaisons et gilets de sauvetage. Le "safety brief" tant attendu est aux abonnés absents mais on commence à se faire à la philosophie du Monténégro : #YOLO. D'ailleurs, nous attachons notre raft sur le toit d'un van et roulons 20 bonnes minutes, traversant les douanes bosniaques sans papiers, sans ceintures et en surnombre, le tout en souriant aux autorités locales. On est bien loin de la France et de son plan vigipirate...
A l'arrivée nous descendons le raft du toit, sautons à l'intérieur, agrippons bien fermement notre rame et c’est parti ! Nous avions bien sympatisé avec le premier guide, qui parlait anglais. Perdu, nous en aurons un second qui tentera de nous expliquer qu’il ne sait dire que « go » et « stop ».Ce qu’il répetera d'ailleurs en boucle pendant les 4h d’activité (mais avec le sourire bien entendu). Il a vraiment l’air sympathique, il discute beaucoup avec la famille monténégrine à bord de l'embarcation mais la barrière de la langage ne nous permet pas de savoir si il leur explique qu’il y a des piranhas dans la riviere ou si le prochain rapide sera mortel. Tant pis, ça entretient le mystère. On en profite pour échanger en anglais avec les flamands d’en face. Sur la vingtaine de rapides traversés on dira que 4 étaient plutôt vifs, pour le reste on était loin de la piqure d'adrénaline. On ne va pas se plaindre, cela nous a permis de pleinement profiter du paysage. Le bleu lagon de la Tara depuis le fond de l’immensité des gorges c’est une image que nous ne sommes pas près d’oublier.
Durant la descente nous faisons deux arrêts : le premier pour se ravitailler et se baigner dans une eau à 10 degrés et le second pour admirer une cascade. Et puisqu'il était possible de s'y baigner également nous avons sauté le pas et sommes allés sous les chutes. Le poids de l'eau est impressionant dans cette cascade et surtout, elle est à 6°c. Nous sommes bien heureux d'avoir une combinaison. Ici tout le monde semble heureux, nous sommes bercés par le rire des touristes et la musique des locaux, un vrai moment de bonheur.
Nous terminons la descente et regagnons le camp où après avoir lavé et rangé notre équipement un repas nous est offert. Nous mangeons avec un couple de Suédois à peine plus âgés que nous et refaisons le monde en comparant nos systèmes de santé, d'éducation ou encore l'égalité hommes/femmes. Des discussions qui s'avèrent toujours très instructives.
Aux alentours de 17h, nous quittons le camp et après quelques arrêts pour admirer les changements de paysages nous rejoignons notre lit au chalet.
Jour 8 - Le monastère d'Ostrog et l'arrivée à Kotor
Ce matin pas de réveil. Après avoir fait les sacs, nous faisons un détour par le pont de la Tara pour admirer sa grandeur puis faisons route vers Kotor.
A l’aller nous avions coupé le trajet en effectuant un arrêt à Podgorica et au retour nous décidons de réaliser cette coupure à Ostrog afin de visiter son monastère. Il s’agit du site monténégrin le plus important pour les chrétiens orthodoxe mais il attire également beaucoup de touristes venus admirer sa mystérieuse architecture. En effet, le monastère est encastré dans une montagne de près de 1000m de hauteur. Dans le monastère supérieur, les religieux font la queue pour embrasser la dépouille d’un évêque, pendant que les touristes admirent les splendides mosaïques qui ornent les murs.
A la différence des sites religieux principalement touristiques dans les lieux d'intérêts que nous avons visité jusqu'à présent, ici il s’agit d’un lieu de culte très prisé des croyants. Nous avons donc pu apercevoir des signes ou des gestes qui sont différents d'autres religions et on sentait la portée symbolique de ce lieu dans les regards.
Par la suite, nous avons rejoint Kotor en contournant le mont Lovćen en travaux. Conclusion : rouler à flanc de falaise sur des pierres à peine stabilisée n’était pas très rassurant... Avant d'arriver, nous avons descendu la route Serpentine, connue pour ses nombreuses têtes d'épingles et sa vue inégalable.
Après nous être installés dans notre troisième et dernier Airbnb, nous avons été piquer une tête dans les bouches de Kotor au soleil couchant. Nous sommes contents de retrouver la mer pour clôturer ce magnifique voyage!