Dans la région des grands lacs chiliens, nombreux sont les voyageurs qui se rendent à Pucón pour s'adonner aux activités outdoor. Ne faisant pas exception, on s'y installe avec une idée bien en tête : partir à l'ascension du volcan Villarica et ses 2847 mètres d'altitude.

En ce qui me concerne, j'ai déjà vécu une aventure similaire sur l'île de la Réunion, lorsque nous avions gravi le Piton de la Fournaise avec ma meilleure amie Justine. Un an plus tard, c'est aux côtés de Guillaume que je m'apprête à renouveler l'expérience, à un détail près : le sommet enneigé risque de nous complexifier la tâche.

Préparation de l'ascension

Après avoir vécu de nombreuses semaines hors du temps, notre réveil retentit dans la nuit. J’essaye de deviner le jour de la semaine dans un demi sommeil, en vain. J’ai l’étrange sensation de devoir me rendre au travail alors que ça fait belle lurette que je n’y ai pas mis les pieds. Après quelques secondes, ça me revient enfin : il est l'heure d'aller gravir un volcan !

Comme à notre habitude, nous nous sommes décidés au dernier moment et avons réservé l’activité la veille au soir. Pour l’instant, la stratégie semble porter ses fruits puisqu’il s’avère qu’aujourd’hui est l’unique jour de beau temps de la semaine ; un bon point pour l’ascension mais également pour la vue qui devrait nous attendre au sommet (si on l’atteint).

Il est 6 heures du matin lorsque nous retrouvons Juan, notre guide. On comprend rapidement que nous serons seuls à prendre part à l’activité à ses côtés. Étant donné qu’on nous a fait signer une décharge en cas de mort liée à l’activité du volcan, s’en est à se demander si on ne fonce pas droit dans un piège. D’autant que nous avons choisi l’une des trois agences les plus réputées de la ville et qu’on s’attendait à faire face à une horde de vacanciers. L’activité serait-elle plus complexe que ce qu’on nous aurait dit ?

Nous enfilons d’énormes chaussures, des guêtres ainsi qu’une surcouche de vêtements techniques et fixons sur notre dos un sac de 8 kg dans lequel se trouvent casques, crampons et piolets. Quelle mouche nous a piqué ...

À la découverte de l'andinisme

A bord d’un 4x4, nous roulons jusqu’au pied d’un télésiège situé en contrebas du volcan. On nous souffle que 10 000 CLP suffisent à l’emprunter pour s’épargner la première partie de montée. Qu'à cela ne tienne ! Nous avons déjà remonté une piste de ski à pied à Ushuaïa et ce n’est pas ça qui va nous arrêter.

Dès le début de l’ascension, nous marchons sur des roches recouvertes de poudre et de cailloux. Ça monte rudement bien et le poids des chaussures de location n’arrangent rien. Chaque pas présage son lot de courbatures à venir.

Juan est vraiment génial ; il s’adapte à notre allure et prend bien soin d’organiser le trajet selon nos capacités. On part sur un rythme d’une pause de 5 minutes tous les trois quarts d’heures. À chacun de ces paliers, on prend le temps de lever la tête, de souffler un peu et d’admirer le spectacle qui s’offre à nous.

Après un démarrage de nuit nous avons vu le ciel se teinter de rose puis le soleil se lever. Les nuages sont arrivés lors d’une seconde étape, sous nos pieds, nous donnant l’impression de surplomber un champs de coton. Chaque arrêt nous permet également de manger un peu et de boire le thé au miel que nous a préparé notre guide.

Vient alors le moment de chausser les crampons. C’est la première fois que nous faisons face à cet étrange accessoire et nous sommes bien contents que Juan soit là pour nous aider à les enfiler. Il en profite pour nous expliquer l’utilité du piolet en fonction de notre sens de marche et de l’inclinaison de la pente. De même, ce n’est pas un objet qui nous paraît familier.

Les 10 premières minutes entre neige et glace se passent sans un bruit. Mon corps tout entier est crispé à l’idée de glisser et je ne sais pas encore à quel point je peux faire confiance à mes crampons. Juan a beau nous avoir expliqué comment réagir si on venait à dévaler la pente, je ne suis pas certaine d’avoir la force de me rattraper en plantant mon piolet dans la glace comme dans les films. Je me fie à l’idée que mon instinct de survie fera le job et je me détends.

Guillaume, quant à lui, est dans son élément. Il connaît bien la montagne et a généralement moins d’appréhension que moi pour tout ce qui concerne les activités à sensations (voir en ce qui concerne la vie de manière générale). J’essaye de me laisser imprégner par le calme de mes deux compères et j'analyse mes premières sensations.

Étonnamment, marcher dans la neige avec ces crampons est bien plus agréable que de marcher en chaussures sur de la roche. On est entre le moelleux et l’adhérence, un ressenti assez complexe à décrire. Toujours est-il qu’on se prend au jeu et qu’on réalise la chance qu’on a de pouvoir s’offrir une telle expérience. Nous sommes seuls sur les hauteurs du volcan, entourés d’une nature aussi vaste qu’éblouissante et nous photographions mentalement le plus d’images possible.

Alors qu’il nous reste 20 minutes d’ascension, nous décrochons les crampons et filons d’un pas pressé vers le cratère du volcan. En contrebas, des dizaines de touristes partis tardivement commencent à s’agglutiner. Nous atteignons le sommet en quelques enjambées et soufflons enfin, euphoriques et apaisés par cette sensation de défi réussi.

Alors que nous surplombons l’intégralité de la vallée, Juan nous fait un topo des volcans visibles à 360 degrés. Le nôtre se met à gronder et laisse échapper d’épaisses fumerolles de soufre. Nous admirons le creux du cratère avec étonnement. Le mélange de minéraux dans la roche fait ressortir un sacré mélange de couleurs. On s’équipe de masques à gaz pour ne pas subir l’inhalation désagréable du soufre.

Sur le retour on croise entre 100 et 200 personnes venues vivre cette même expérience. Malheureusement, toutes ne réussiront pas à atteindre le sommet. En ce qui nous concerne, la partie la plus amusante ne fait que commencer : on s’apprête à redescendre de volcan en luge !

Descente expresse sur les fesses

On enfile notre matériel étanche et sortons la pelle en plastique du sac. Juan nous explique une nouvelle fois comment s’en servir, comment se positionner et comment utiliser le piolet pour freiner. Encore une activité qui ne m’est pas innée (à en juger par mes glissades incontrôlées et le désespoir perçu dans le regard de mes deux acolytes). Nous dévalons le flan du volcan à une vitesse hallucinante en traversant les nuages. Je crois qu’on s’est rarement autant amusé en pleine nature. Il faut dire que la situation est assez inédite !

Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le 4x4 dans la brume afin de regagner l’agence. Là-bas, nous profitons tous les 3 d’un apéritif pour faire plus ample connaissance et posons à Juan beaucoup de questions sur les points clés du métier de guide de montagne. Un moment plus intimiste et très agréable qui permet de clôturer l’activité en beauté.

Il nous aura fallu 4 heures pour gravir le volcan (sans téléphérique) pauses inclues. Pour une première, la performance est plutôt louable mais pour être honnête ce n’était vraiment pas si simple. Entre la montée perpétuelle, le poids du sac à dos, l’accoutrement auquel nous n’étions pas habitués, les nouveaux accessoires de montagne et l’environnement que nous découvrons à peine… cet effort constant nous aura bien fatigué. Mais comme pour beaucoup d'étapes de la vie, ce sont les défis relevés en chemin qui rendent l'arrivée si belle.

Cette première expérience d’andinisme (car oui, nous sommes dans les Andes et non dans les Alpes - pour nous aussi c'était une découverte) restera longtemps gravée dans nos mémoires. Guillaume attend maintenant avec impatience de réitérer l'expérience au cœur des Alpes qu’il affectionne tant.

Alors si vous avez déjà pratiqué l’alpinisme en France, nous sommes preneurs de bons conseils et de retours d’expériences !

Nos conseils pour l'ascension du Villarica :

- Nous avons choisi l’agence Patagonia Experience au vue de la qualité du matériel, des avis, du prix, et du relationnel avec le personnel.
- Notre guide, Juan, parlait anglais et espagnol. Assurez-vous de la langue avant le départ, surtout si vous êtes débutant ; les passages glacés et enneigés demandent une certaine technique et il serait dommage de ne pas comprendre les conseils de votre guide.
- Nous n’avions jamais réalisé ce type d’activité mais avions beaucoup randonné les semaines passées et nous nous sentions prêts à tenter l'expérience. Renseignez-vous bien sur l'ascension et soyez conscients de vos capacités.
- La météo (couverture nuageuse inclue) est un critère très important, tant pour l'ascension que pour le plaisir des yeux.
- Le tarif était de 95 000 CLP en février 2020 (incluant l’activité, le guide, le matériel, le transfert, un apéro et une demie journée aux thermes Menetue).